Je me suis souvent interrogé sur la validité des études suggérant l’absence de liens entre un produit et la survenue d’une sclérose en plaques (SEP).
Les études généralement publiées sont-elles à même de démontrer un lien ?
En particulier, le délai de suivi des patients est-il suffisant ?
Quand un diagnostic de SEP est posé, il est fréquent de retrouver diverses lésions sur l’IRM témoignant d’un passé lésionnel n’ayant pas suscité de signes cliniques. Dans d’autres cas, la survenue de signes cliniques compatibles nécessitera pour porter le diagnostic de SEP un délai permettant de confirmer la dissémination temporelle ou spatiale.
Il est très difficile de connaître le délai entre un éventuel élément favorisant la survenue d’une SEP et son diagnostic formel. Il est probablement très variable mais aussi possiblement assez long. Certains agissent avant l’âge de 15 ans et la SEP survient généralement vers 25 ans.
En comparant dans les études de suivi sur 6 mois (il n’est parfois que de 4 voire 2 mois) la survenue après administration du produit d’une SEP dûment diagnostiquée et l’incidence publiée, on compare des patients ayant fait dans le groupe traité, deux poussées en 6 mois (ou un nombre important de lésions IRM) pour valider la dissémination temporelle et des patients ayant fait deux poussées au cours d’un délai indéterminé. Cela réduit évidemment la probabilité de mettre en évidence un risque accru dans le groupe traité. Je passe sur la précision de l’incidence (variable entre le nord et le sud de la France !).
Si la comparaison se fait par rapport au suivi d’un groupe placebo, on ne compare que la fréquence des SEP pour lesquelles la dissémination temporelle et spatiale survient en 6 mois. C’est un petit sous-groupe des patients atteints de SEP. La mise en évidence d’une différence significative sur des petits groupes sera aussi plus difficile.
Lors des études cliniques effectuées chez les patients présentant un premier épisode compatible avec la SEP (exemple étude CHAMPS), environ 50% des patients du groupe placebo confirment la SEP au bout de 3 ans contre 37% à 2 ans et 24% à 1 an. Certains de ces patients ne feront pas un deuxième épisode (possiblement environ 30%) mais entre 2 et 3 ans, le nombre de cas augmente de 35% et de 100% entre 1 et 3 ans. Ces patients présentaient un épisodes clinique initial associé à des lésions IRM (2 lésions IRM silencieuses de plus de 3 mm dont 1 peri-ventriculaire ou ovoïde).
En cas de suivi d’une cohorte (ou une étude cas-témoins) pour évaluer le risque de SEP, il faut donc un suivi suffisant pour
- que le premier épisode compatible avec une SEP survienne : difficile à évaluer mais probablement 6 mois minimum
- que le deuxième épisode survienne pour confirmer le diagnostic : au moins 3 ans (+ 35% entre 2 et 3 ans, +100% entre 1 et 3 ans et + 200% entre 6 mois et 3 ans).
En dessous de 3 ans, il est certains que l’on exclue des cas de SEP, donc que le résultat minimise le risque. Ce délai de 3 ans débute après le délai pour la mise en évidence du premier épisode.
La SEP n’est pas la seule maladie auto-immune dont le diagnostic est porté sur un ensemble de signes survenant à des moments différents et le raisonnement ci-dessus est donc probablement valable pour d’autres pathologies. Ce type de pathologie peut nécessiter un long délai pour valider le diagnostic.
Evaluer la fréquence de survenue d’une SEP confirmée dans un délai aussi court me semble donc voué à l’échec. Certaines études ont évalué la survenue de manifestations de maladies auto-immunes, évitant ainsi le biais lié au délai d’apparition des manifestations permettant un diagnostic formel mais pas celui lié à un délai d’apparition de la première manifestation supérieur au suivi prévu dans l’étude.
La description des manifestations prises en compte est souvent un peu trop résumée.
Je n’ai pas d’élément formel pour dire qu’il y a un risque avéré avec les produits auxquels on pense quand on parle de risque de SEP (vaccins) mais je me demande juste si tout est fait pour le mettre en évidence ?… (cette dernière phrase contient une litote !)
Bonjour
Sur le site de Dominique Dupagne , il y a un article sur le Gardasil : http://www.atoute.org/n/GARDASIL-Interet-Risques-Dangers.html
Dans les commentaires il est évoqué que la recherche de lien entre la SEP et le vaccin est « pollué » par le fait quand on étudie les placébos, ils n’en sont pas vraiment car ceux qui sont sélectionnés ont tous reçu dans leur vie des vaccins .
Que pensez vous de ce fait ?
Merci de votre venue sur le site.
Dans le cadre d’un essai randomisé, on est en droit d’espérer que tous les facteurs de risque connus ou inconnus sont également répartis dans les groupes traité et placebo. Donc a priori on peut espérer avoir des groupes identiques car le groupe traité à aussi reçu les mêmes vaccins.
Maintenant, si les autres vaccins que celui évalué augmentent la fréquence d’un effet indésirable donné, cela rendra plus difficile la mise en évidence d’une augmentation de ce risque avec le vaccin évalué. (voir les critères combinés sur le site : http://www.etudes-et-biais.com/criteres-combines/ )
Bonne soirée
Oui, merci.
Cependant , on sait que le risque de SEP existe pour chaque vaccination.
On peut supposer que le Gardasil n’a pas de « risque supplémentaire » .
Cependant comme actuellement aucune population n’est « indemne » de vaccins , il est impossible de savoir si ces derniers sont responsables de SEP .
A-t-on une idée de la prévalence de la SEP avant l’avènement de la vaccination ? Sans doute pas car la médecine actuelle en était à ses balbutiements.
Il n’est cependant pas interdit de penser que les maladies auto-immunes soient en relation avec la vaccination . De là à le prouver !
Mais cela aussi interroge sur le nombre hallucinant de vaccin que l’on fait « subir » à nos enfants . Il y en a d’utile , sans conteste , mais de là à dire qu’il le sont tous .
Il est difficile de tirer une conclusion de l’augmentation des cas de SEP observée au début du XXIème siècle et surtout de l’imputer aux vaccins car il y a eu en même temps, un changement des critères de diagnostic, la mise sur le marché de traitements de fond et la définition d’une nouvelle maladie: le CIS (clinically isolated syndrome) qui a favorisé un diagnostic plus précoce de SEP.
Avant de se demander si une vaccination peut provoquer des SEP on peut d’abord se demander si la vaccination pourrait provoquer une évolution accélérée de ce qui aurait pu seulement être une ADC simple (atteinte démyélinisante centrale) vers une SEP. Pour la vaccination hépatite B cela pourrait être mis en évidence très facilement à partir des données publiées sur la cohorte KIDSEP constituée d’enfants ayant eu une ADC simple ou une SEP (études Tardieu) :
Chez les vaccinés (indemnes au moment de la vaccination) il a été constaté 154 ADC dont 80 SEP alors que chez les non vaccinés il y en a eu 195 dont 63 SEP. Les probabilités d’évolution d’une ADC simple en SEP peuvent ainsi être estimées par 80/154=51,95% chez les vaccinés et par 63/195=32,31% chez les non vaccinés. A vue, l’écart parait très important alors que les nombres absolus sont assez élevés, ce qui est favorable à un résultat significatif qui pointerait l’évolution vers la SEP d’un certain nombre d’ADC qui seraient restées simples (et non multiples comme dans la SEP) en l’absence de vaccination. Voilà une observation facile à faire et qui aurait pu au moins alerter (elle le peut toujours!)
Le problème statistique est celui-ci : une pièce de 1 euro a une probabilité p inconnue de tomber sur pile. L’ayant lancée 154 fois on a obtenu 80 piles. Une pièce de 2 euros a la probabilité p’ de tomber sur pile. Après 195 jets on trouve 63 piles. Peut-on considérer que les 2 pièces ont la même probabilité de tomber sur pile ? C’est très classique. Il existe un test statistique pour cela. Il donne 0,01% de chances (une chance sur 10 000) d’obtenir un écart au moins aussi grand que celui observé, ce qui est plus que très significatif (significatif correspond à 2,5% ; très significatif à 0,5%).
L’affaire est très claire : l’évolution d’une ADC en SEP a été beaucoup plus fréquente chez les vaccinés que chez les non vaccinés. Faut-il pour autant en attribuer la cause à la vaccination ? Un test statistique n’est jamais totalement démonstratif en soi car il y a toujours la possibilité qu’une autre cause cachée ait pu exister chez les vaccinés et pas chez les non vaccinés.
Je complète mon commentaire précédent.
On peut trouver d’autres arguments allant dans le même sens en s’appuyant sur les seules données publiées dans les études Tardieu sur le lien entre SEP et vaccination hépatite B chez les enfants. Elles m’ont conduit à formuler l’hypothèse suivante :
Hypothèse : La vaccination hépatite B aurait fait évoluer en sclérose en plaques un certain nombre de cas qui sans cela n’auraient été que des ADC non SEP dans la fenêtre d’observation. Rappelons que les enfants ne souffraient d’aucune ADC au moment de leur vaccination.
En bref, il existe en effet un résultat significatif côté vaccin « protecteur » pour les atteintes démyélinisantes simples (non SEP) que les auteurs n’ont pas considéré. Il montre un déficit de vaccinés chez les enfants atteints d’une ADC simple. Les absents sont passé où ? Soit dans la case « rien » (effet protecteur) soit dans la case SEP (effet aggravant). La différence très importante entre les moyennes d’âge des 2 groupes (7,8 contre 11,5 soit un écart de 3,7 ans, ce qui est énorme vu les âges absolus) confirme que ce serait des enfants âgés qui auraient quitté le groupe ADC simple, âgés donc ayant pu recevoir la vaccination en sixième (là ou on vaccinait le plus) contrairement à la grosse majorité des autres de moyenne 7,8 ans.
L’âge retenu est celui de la première atteinte, ce qui rend comparable les âges moyens des 2 groupes. J’ai donné plus de détails dans [1] et [2] :
[1] http://questionvaccins.canalblog.com/archives/2011/03/18/20609338.html
[2] http://questionvaccins.canalblog.com/archives/2011/04/10/20863058.html
On peut aussi dire qu’une trentaine de cas avaient été vaccinés après avoir fait une première atteinte. Ils ont fait l’objet d’une étude particulière. Si on les cumulait avec les autres pour étudier cet aspect d’accélération de l’évolution vers la SEP ce pourrait être encore plus significatif.
Vous dites « En comparant dans les études de suivi sur 6 mois (il n’est parfois que de 4 voire 2 mois) ». Effectivement, l’étude Fourrier-Bégaud sur les données de la pharmacovigilance française a retenu, en apparence, un délai de 2 mois après une injection de vaccin hépatite B.
En fait, comme on peut le lire dans la publication dans une revue britannique [1], les vaccinations isolées et les rappels étaient exclus, seule était pris en compte la primo-vaccination réalisée à l’époque (entre 1994 et 1996) en 3 injections à 1 mois d’intervalle. Ce qui faisait en réalité un délai de 4 mois après la première injection.
C’est d’ailleurs ce délai de 4 mois qui a été retenu pour estimer les cas attendus en l’absence de vaccination en divisant par 3 une estimation annuelle. Ce qui fait d’ailleurs une incohérence au moins formelle : si une première atteinte se produit 65 jours après la première injection et que la seconde n’a pas eu lieu, le cas n’aura pas été retenu (si je comprends bien : on écarte les vaccinations isolées qui compliqueraient l’estimation des cas attendus). Mais ici le cas aurait dû être retenu puisque les cas attendus portent sur 4 mois. Je ne sais pas si la situation s’est présentée parmi les 623 cas notifiés dont les auteurs disposaient.
[1] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2014467/?tool=pubmed
Pour ma part, je ne lis plus les études statistiques concernant la sclérose en plaques, c’est devenu d’un comique.
Si on prend 10 personnes, 5 qui ont une sep, et 5 qui n’ont aucunes pathologies.
Si parmi les 5 personnes sep, on retrouve 3 patients qui ont tel virus dans le sang.
Et parmi les 5 personnes qui n’ont aucunes pathologies, que deux.
On se retrouve avec un article, les chercheurs ont mis en évidence, que blabla, et que cela pourrait déboucher sur, et blabla
Bref, des articles, sous forme d’effet d’annonce, avec des raccourcis rapides, basés sur presque rien.
Les études, épidémiologiques ou cliniques, sont de qualité variable… Ces études épidémiologiques de très faible intérêt n’influencent pas la pratique. Par contre les études cliniques même de qualité médiocre le font. Il serait souhaitable d’avoir une meilleure évaluation de ces études. Les méta-analyses arrivent trop tard et sans réanalyse à partir des données individuelles, il est assez facile de tromper les autorités et les évaluateurs des essais.
Je pense surtout qu’il en ressort surtout ce que l’on veut bien nous en faire entendre.
Le cas flagrant concernant les études CCSVI comme traitement éventuel pour la sclérose en plaques.
Systématiquement négatif pour les neuros, et systématiquement positives pour le milieu vasculaire.
Des études à mon avis biaisées par l’appat financier tout simplement, vouloir garder le monopole d’un coté, et ouvrir un marché fructueux de l’autre.
C’est un très vieux problème : je vous conseille la lecture du livre « la souris truquée » http://www.amazon.fr/Souris-truqu%C3%A9e-Enqu%C3%AAte-fraude-scientifique/dp/2020217686
c’est toujours l’histoire des méchants labo, et des mauvais scénarios, faut bien trouver une raison.
Une simple infection viral, un gros stress, une fatigue cumulée peut déclencher une première poussée de sclérose en plaques chez une personne prédisposé, mais on ne peut pas attaquer lolollll
Il y a des labos qui ne truandent pas (probablement) et de nombreux médicaments sont très utiles. Le point soulevé sur cette page est surtout que l’on ne se donne pas les moyens de définir les risques des médicaments
Il y aura toujours des bénéfices-risques, c’est au spécialiste d’en mesurer les conséquences. Aucuns médicaments ne présentent aucuns risques, par contre une maladie non traitée représente de gros risques.
Certes, mais si le médecin dispose d’informations biaisées, il lui sera difficile de mesurer les conséquences de manière adéquate. Par ailleurs, les vaccins traitent une probabilité de maladie.