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Tiens, la National Academy Press publie un document sur les données des essais cliniques

Posted on 5 février 2015 by Alexis in Article No Comments
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Le lien vers le document est là

Le titre du document est « Sharing Clinical Trial Data: Maximizing Benefits, Minimizing Risk »

L’EFPIA (European Federation of Pharmaceutical Industries Association) est très contente de cette publication !

Une bonne occasion de revenir sur les arguments de ceux qui n’ont pas intérêt à ce que les données individuelles des essais cliniques soient rendues publiques.

Plusieurs arguments sont listés dans le document de la National Academy Press (NAP) [page 41 de 249].

Risque d’identification des patients: (voir annexe B page 177)

C’est le risque qui fait peur à tout le monde. Les patients pourraient se retourner contre celui qui a publié la base de données.  Mais ce risque est-il vraiment réel si la dé-identification (ou anonymisation) des données est bien faite?

Il y a des données qui doivent bien évidemment être retirées. Une liste de ces items a été  établie.

deident

Certains sont évidemment des « identifiants » et leur retrait ne pose pas de problèmes pour la recherche de biais. Le retrait de deux d’entre eux est plus gênant : les dates et les lieux (en particulier le centre investigateur).

Néanmoins, on peut remplacer les dates au cours de l’essai par les délais entre l’inclusion et les consultations et indiquer l’ordre d’inclusion des patients. Ces délais permettront de vérifier une courbe de survie, le respect des dates de consultation, les durées de participation des drop-out… Les dates indépendantes de l’essai (date de naissance…) ne nécessitent généralement pas une précision supérieure à l’année. Cela permettra aussi de vérifier que les premiers patients inclus ne sont pas (trop) différents de ceux inclus à la fin de l’essai. C’est un biais de sélection des essais cliniques qui passe inaperçu.

Retirer le centre investigateur empêche toute recherche de fraudeur. Mais grâce au Risk-based monitoring, tous les calculs comparant les centres doivent être faits. Il suffit que ces calculs soient publiés.

Il reste possible de donner des informations sur des groupes topographiques tels que ceux définis par pays pour les essais multicentriques.

Certaines données, comme les antécédents ou des événements indésirables spécifiques pourraient aider à l’identification des patients par des proches du patient (famille, médecin traitant..). Des regroupements sont possibles afin de créer des groupes de taille suffisante (par exemple 5) permettant de « noyer le poisson » en regroupant les antécédents ou événements indésirables par un terme générique, quitte à les lister ensuite et donner les précisions nécessaires à une analyse approfondie.

Les essais pour lesquels les données individuelles sont vraiment nécessaires sont ceux qui modifient la prise en charge des patients, en particulier ceux des dossiers d’AMM ; le nombre de patients inclus permet généralement d’établir des regroupements.

Il y a bien sûr des petits essais sur des pathologies orphelines très rares. Considérons que le rapport d’essai clinique peut suffire pour s’assurer du résultat.

Il n’est pas inutile de rappeler que toutes les personnes qui ont accès aux données doivent être tenues au secret médical.

Donc, on sait, si on veut, anonymiser les données. Cela implique du travail et donc des coûts, c’est tout.

Les ré-analyses des essais cliniques peuvent être biaisées et favoriser une concurrence déloyale

 

Et pour Avonex, il n’y aurait pas un peu de concurrence déloyale… aux dépens des patients … et validée par l’EMA, la FDA et tous ceux qui sont au courant……

Tout essai biaisé dans un dossier d’AMM est de la concurrence déloyale validée par les autorités de tutelle.

La publication des données des essais cliniques permettra de le savoir, c’est déjà pas mal !

Il faut faciliter le droit de réponse et favoriser la discussion basée sur les données individuelles, permettant à chacun de vérifier les dires des uns et des autres.

 

Un autre argument avancé est le mal que cela pourrait causer aux investigateurs. Si l’essai est biaisé, c’est normal de le faire savoir. Si l’investigateur n’est pas responsable du biais (biais lors de l’analyse ou embellissement des données par le sponsor), il pourra le faire savoir grâce aux données rendues publiques.

Comme indiqué dans mon article sur pharmacritique, les investigateurs doivent valider la base de données de leur centre et donc certifier que toutes les informations y sont correctement colligées (événements indésirables en particulier). Ils doivent donc disposer donc de toutes les informations pour répondre à des ré-analyses biaisées et laver leur honneur !

 

Le patient n’a pas donné son accord à la diffusion de ses données, voire l’a refusé.

 

L’utilisation de données d’un essai clinique pour un autre but que celui de l’essai est communément réalisée. Ces recherches sont parfois publiées par d’autres auteurs que ceux ayant participé à l’essai.  Les publications « à tiroir » sont fréquentes.

La législation fédérale des États-Unis autorise l’utilisation de ces données anonymisées.

Cet argument, qui permettrait de repousser la mise à disposition des données des essais cliniques jusqu’à ce que tous les consentements éclairés incluent l’acceptation par le patient de l’utilisation de ses données, est donc contredit par les habitudes actuelles et la législation.

 

Certains pourraient utiliser les données pour obtenir une AMM (pour un produit concurrent/générique) dans certains pays.

 

Un point est fait sur ce sujet par Kapczynski à la demande de l’IOM (Institute of Medicine).

Pour que la mise à disposition des données individuelles soit en cause, il faut que le pays en question demande la mise à disposition des données individuelles. Trois pays était particulièrement ciblés : la Chine, l’Inde et le Brésil. A ce jour les deux premiers ne demandent pas les données individuelles ; pour le troisième, on ne sait pas.

Certes, cela peut changer. Mais L’inde a déjà fait des génériques de produits sous exclusivité sans se poser la question des données individuelles… Elle avait annulé le brevet du produit de plusieurs produits de Glaxo, Pfizer ou Roche pour diverses raisons (non-supériorité du produit sur les produits existants, absence de mise sur le marché pendant plusieurs années..).  Les données individuelles n’ont pas intéressé les Autorités Indiennes dans ces différents cas.

Le problème ne me semble donc pas être celui de la mise à disposition des données individuelles mais celui des accords internationaux sur les brevets, ou plus largement sur les droits commerciaux.

Donc ce n’est pas un problème….

 

La mise à disposition des données individuelles peut dévoiler des données commerciales confidentielles.

 

Tout dépend de ce que l’on considère comme confidentiel.

Par exemple, Abbvie considère que la description des événements indésirables est une donnée commerciale confidentielle.

Une donnée commerciale confidentielle a en fait plus de chance de se retrouver dans un rapport d’essai clinique que dans les données individuelles. Selon le document de l’EMA sur la mise à disposition des données des essais cliniques, il pourrait s’agir :

  • de justification du développement et les éventuels conseils reçus,
  • de méthodes de dosage, de données de stéréochimie,
  • des données recueillies dans un autre but que celui de l’obtention d’une AMM, en particulier à titre exploratoire pour d’autres indications,
  • les données permettant de définir le nombre de sujets à inclure dans un essai clinique

En pratique, cela ne constitue pas un frein à la publication des données individuelles.

 

Maintenant les autres raisons (inavouables) qui ne figurent pas dans le document de la NAP

 

Si l’EMA donne les données individuelles des études des dossiers d’AMM, il lui faudra aussi analyser ces données et non plus se contenter de lire les rapports d’essai clinique et poser des questions. Il n’est pas possible qu’un simple quidam puisse leur démontrer qu’un essai est biaisé après l’approbation d’un produit. Le coût de ces analyses de données individuelles est très important. Il n’est pas dans l’air du temps d’augmenter les budgets…

 

Tous les organismes ou journaux assurant une évaluation « alternative » des médicaments devront aussi se lancer dans l’analyse des données individuelles.

Les méta-analyses réalisées à partir des publications devront être réalisées à partir des données individuelles. Le coût est à multiplier par 10 environ par rapport aux méta-analyses réalisées sur les données des publications.

Il est aussi possible que les nouvelles méta-analyses ne confirment pas les résultats des précédentes…

Les analyses de médicaments se limitant à l’analyse des publications perdront un peu de considération sauf si les publications sont dûment validées par une analyse indépendante des données individuelles. Mais les éditeurs ne pourront assurer le coût de ces analyses sur données individuelles.

 

La campagne Alltrials, qui regroupe des éditeurs de journaux, la revue Cochrane, plusieurs organisations gouvernementales, des associations médicales ou de patients et même des laboratoires pharmaceutiques, ne demande pas les données individuelles des essais cliniques.

Son cheval de bataille est le biais de publication et la mise à disposition des résultats de tous les essais cliniques, même sous forme résumée (les rapports d’essai cliniques sont demandés). Le biais de publication est le principal écueil des méta-analyses actuellement réalisées sur les résultats des publications. La campagne Alltrials œuvre donc pour éviter les biais de publication et faciliter la réalisation des méta-analyses sur les données résumées publiées.

C’est dommage car la mise à disposition des données individuelles permettraient d’avoir beaucoup d’informations bénéfiques pour les patients.

La question est finalement : faut-il faire plein de méta-analyses sur les données des publications en décrivant des risques de biais ou analyser plus complètement quelques essais cliniques en s’assurant qu’ils ne sont pas biaisés ou qu’en cas de biais, on puisse corriger l’évaluation.

 

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